Cap-Haïtien, 19 novembre 2025 —
La Cité christophienne s’est réveillée ce mardi dans une atmosphère de commémoration, marquée par le souvenir de la bataille de Vertières et par de nouveaux appels à la refondation nationale.
Dès les premières heures, les autorités locales ont investi le site historique, fraîchement nettoyé et sécurisé pour l’occasion. Une gerbe de fleurs a été déposée au pied des monuments, conformément à la tradition du 18 novembre. Autour du Délégué départemental du Nord, Marc Présumé, étaient notamment présents des représentants de la Mairie du Cap-Haïtien ainsi que Marc Olibrice, représentant la Direction départementale du Ministère de la Défense.
Peu après cette étape protocolaire, le cortège officiel a pris la route de la Cathédrale Notre-Dame pour la messe du tédéum. Malgré une route nationale encombrée de boue et de détritus, les autorités ont pu rallier le centre-ville pour participer à l’office d’action de grâce.
La Cathédrale, remplie d’élèves, de fidèles et de responsables civils, a vibré sous l’homélie du Révérend Père Jean Wilson Bastien. Dans un message incisif, il a exhorté les élites et les dirigeants à unir leurs forces pour sortir le pays de l’impasse. « Haïti a besoin de chacun de ses citoyens. C’est avec l’union et l’unité que le pays retrouvera son développement », a-t-il lancé depuis l’autel.
En parallèle des cérémonies officielles, la structure Ayiti Nou Vle Viv tenait, les 17 et 18 novembre, son congrès de la jeunesse. À son issue, les organisateurs ont publié une déclaration baptisée “Cri de Vertières”, un texte vibrant en faveur d’un engagement renouvelé envers la démocratie et la participation citoyenne.
La déclaration rappelle que les jeunes sont « parmi les défenseurs les plus actifs et les bâtisseurs les plus imaginatifs » de l’État de droit, méritant reconnaissance et soutien.
Elle insiste :
sur la nécessité d’investir dans le leadership jeunesse ;
sur l’urgence d’une volonté politique forte pour protéger la société civile jeune ;
sur la gravité de l’heure : « ce n’est rien de moins que la démocratie elle-même qui est en jeu ».
Les signataires appellent à un consensus national pour redresser l’État, jugeant que « l’Haïti d’aujourd’hui ne ressemble pas aux idéaux des ancêtres ». Ils déplorent des années de gestion marquées par l’absence de vision, l’improvisation, la légèreté et la méfiance généralisée :
« Pa gen yon sèl grenn Ayisyen ki fè dirijan nou yo konfyans. »
Selon eux, deux ans après le début de la transition, le pays demeure plongé dans l’insécurité, l’impasse institutionnelle et l’absence de progrès électoraux. Ils appellent à « rebattre les cartes » pour offrir aux jeunes une place réelle dans un nouveau projet national.
En marge des commémorations, le mouvement Cri 20 Septembre a organisé une manifestation pour réclamer le départ du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
La journée s’est achevée dans une ambiance plus apaisée avec une marche pacifique initiée par la Plateforme équilibriste. Des participants, bougies allumées en main, ont rendu hommage aux héros de Vertières et symboliquement “déposé de l’énergie positive” aux pieds des monuments.
« Nous sommes là pour apporter lumière et espoir », a affirmé le coordinateur Junior Fortunat.
Entre recueillement, exhortations citoyennes et frustrations populaires, ce 18 novembre 2025 aura rappelé à la fois la force de l’héritage de Vertières et la profondeur des défis auxquels Haïti demeure confrontée.

