Cap-Haïtien, le 27 septembre 2024.-
Le mardi 24 septembre dernier, la ville de Cap-Haïtien a accueilli avec faste une délégation béninoise d’Allada dans le cadre du jumelage qui lie ces deux villes depuis des années. Une cérémonie, organisée avec grande pompe dans le salon diplomatique de l’aéroport international de Cap-Haïtien, a mis en avant la fraternité entre les deux peuples et les perspectives de coopération décentralisée. Cependant, au-delà des discours et des symboles, une question cruciale s’impose : à quoi sert réellement ce jumelage ?
Dans un discours chaleureux, la Mairesse de Cap-Haïtien, Mme Yvrose Pierre, accompagnée du Maire adjoint, M. Patrick Almonor, a vanté les liens historiques entre Haïti et le Bénin, soulignant un héritage commun et des espoirs de prospérité partagée. Le Maire d’Allada, M. Joseph Cakpo, n’a pas manqué de rendre hommage à cet accueil fraternel. Les autorités haïtiennes, dont le Ministre de l’Éducation Nationale, M. Antoine Augustin, ont également pris part à la cérémonie, renforçant ainsi l’idée d’un moment solennel. Mais cet enthousiasme est-il justifié par des réalisations concrètes ou se limite-t-il à un simple exercice de diplomatie symbolique ?
Des promesses récurrentes sans résultats tangibles
Cela fait plusieurs années que ce jumelage est en vigueur. Pourtant, malgré les belles paroles, la ville du Cap-Haïtien peine à voir les retombées concrètes de cette relation. La coopération décentralisée, vantée comme un pilier de la diplomatie moderne, semble ici se réduire à des visites protocolaires et des cérémonies médiatisées sans véritable impact pour les citoyens. Où sont les projets structurants, les investissements, les échanges culturels et économiques promis lors des précédentes rencontres ?
Certains observateurs n’hésitent pas à critiquer ce qu’ils perçoivent comme une forme de « showbiz diplomatique ». À chaque nouvelle visite d’une délégation étrangère, les autorités locales semblent plus concentrées sur le paraître que sur les besoins réels de la population. Alors que la ville du Cap-Haïtien est confrontée à des défis majeurs, tels que la dégradation de ses infrastructures, le manque d’assainissement et une insécurité galopante, ces événements médiatiques apparaissent comme une diversion plutôt qu’une solution.
Le spectacle au détriment des priorités locales
Les Capois attendent des réponses à des problèmes concrets : la gestion des déchets, la réhabilitation des routes, l’accès à l’eau potable et l’amélioration des services de base. Pourtant, lors de cette visite, aucun projet d’envergure n’a été présenté pour s’attaquer à ces défis. La Mairesse, dans son discours, a insisté sur les liens historiques entre Haïti et le Bénin, mais a peu évoqué des actions concrètes qui pourraient réellement améliorer le quotidien des citoyens.
La question qui se pose est simple : pourquoi ce jumelage n’a-t-il pas encore permis de transformer la ville du Cap-Haïtien ? Est-ce un manque de volonté politique, un déficit de vision ou simplement une façade de coopération sans fondement ?
Le besoin urgent d’actions concrètes
Alors que la population capoise continue de vivre dans des conditions difficiles, la persistance de ces cérémonies creuses renforce le sentiment de frustration. Le jumelage avec Allada pourrait être un outil puissant de développement si les bonnes priorités étaient définies. Mais pour cela, les autorités doivent aller au-delà des photos officielles et des discours enflammés, et se concentrer sur des projets concrets et mesurables qui répondent aux besoins urgents de la population.
En définitive, la question reste posée : ce partenariat est-il un véritable levier de développement pour Cap-Haïtien ou simplement une opération de communication destinée à entretenir l’illusion d’une diplomatie dynamique ? Seul l’avenir nous le dira, mais en attendant, les Capois méritent des actions réelles, pas des promesses vides.