Port-au-Prince, le 27 novembre 2024.-
Le débat autour de la présomption d’innocence et des pressions exercées sur les Conseillers-Présidents dans l’exercice de leurs fonctions est au cœur de l’actualité politique haïtienne. Deux figures publiques, Alfredo Antoine et Renald Lubérice, ont récemment pris position sur des sujets brûlants, soulevant des questions fondamentales sur le respect des principes juridiques et l’indépendance des institutions.
Dans une déclaration retentissante, Alfredo Antoine, juriste et ancien parlementaire, a rappelé que « le principe selon lequel ‘nul n’est coupable tant qu’il n’a pas été jugé’ est universel et non négociable dans un État de droit. » Mettant en exergue des exemples internationaux, il a souligné :
« Comparer la situation en Haïti à celle de Donald Trump, élu président des États-Unis avec plus de 40 chefs d’accusation, démontre que les accusations, même graves, ne doivent pas disqualifier une personne avant qu’un jugement équitable n’ait été rendu. »
Antoine a dénoncé les pressions réclamant des démissions avant tout jugement, affirmant que ces pratiques violent un principe fondamental de justice et affaiblissent la crédibilité des institutions publiques. Ces déclarations résonnent particulièrement dans le contexte des rumeurs entourant les Conseillers-Présidents du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), accusés dans le dossier controversé de la Banque Nationale de Crédit (BNC).
De son côté, Renald Lubérice, ancien Secrétaire général du Conseil des Ministres et leader de la plateforme Résistance Démocratique (RED), a fait une sortie remarquée sur la plateforme X (anciennement Twitter). Dans un ton critique et incisif, il a écrit :
« Savez-vous que, bien souvent, lorsque les Haïtiens disent « le Blanc a dit », ils inventent des mensonges sur ce que le Blanc aurait soi-disant dit pour régler leurs affaires ? Parfois, ils imaginent ce qui pourrait plaire au Blanc et affirment que c’est ce qui doit être fait. Nous devons cesser de nous cacher derrière le ‘bluff du Blanc’ et faire ce qui est réellement bénéfique pour Haïti et les Haïtiens. »
Cette prise de position vise à dénoncer l’usage manipulateur de références étrangères pour justifier des décisions contraires aux intérêts nationaux. Selon Lubérice, Haïti doit se libérer des influences extérieures mal interprétées et s’engager résolument dans des actions alignées sur ses priorités.
Ces déclarations surviennent dans un climat politique tendu, marqué par des rumeurs de pressions exercées sur certains Conseillers-Présidents dans le cadre du dossier de la BNC. Des accusations de chantage sont évoquées, certains acteurs politiques utilisant cette affaire pour influencer les nominations imminentes de Directeurs Généraux.
Toutefois, selon une source du palais national, le CPT a déclaré qu’il « ne prendra aucune décision sans que la justice ne se prononce sur la question », réaffirmant son attachement aux principes de l’État de droit. Il est également important de noter qu’aucun mécanisme de mise à l’écart ou de remplacement des Conseillers-Présidents n’existe actuellement au sein de cette structure de transition.
Les positions d’Antoine et Lubérice mettent en lumière des défis profonds auxquels Haïti fait face : le respect de la présomption d’innocence, l’intégrité des institutions, et la souveraineté nationale dans la prise de décisions. Alors que le dossier de la BNC continue de faire l’objet de débats houleux, ces déclarations invitent à une réflexion collective sur la nécessité de renforcer l’indépendance et la crédibilité des institutions dans un contexte de transition politique.
Le respect des principes universels de justice et l’engagement pour les intérêts réels du peuple haïtien seront-ils au rendez-vous ? Le temps nous le dira.