Cap-Haïtien, le 22 août 2024.-
Lors de sa visite officielle dans le Nord d’Haïti, l’ambassadeur américain en Haïti, Dennis Hankins, a tenu une rencontre avec les journalistes pour répondre aux préoccupations concernant les récentes sanctions imposées par le département du Trésor des États-Unis à l’encontre de l’ancien président haïtien Michel Martelly. Ces sanctions, qui font suite à une enquête de longue haleine, accusent l’ex-chef d’État de son implication dans le trafic de drogue, une accusation grave qui a soulevé de nombreuses questions tant en Haïti qu’à l’international.
Interrogé sur la raison pour laquelle les États-Unis ont attendu si longtemps avant de sanctionner l’ancien président, l’ambassadeur Hankins a été clair : « Les États-Unis sont un pays où l’État de droit prime. Nous avons pris des sanctions personnelles contre l’ancien président Martelly sur la base de preuves solides indiquant qu’il a facilité le trafic de drogue. Le président Joe Biden a pris une décision présidentielle autorisant l’imposition de sanctions contre toute personne impliquée dans de telles activités criminelles. »
Depuis plusieurs années, les États-Unis ont travaillé en étroite collaboration avec différents gouvernements haïtiens pour endiguer le trafic de drogue, un fléau qui alimente directement les activités des gangs en Haïti. Selon l’ambassadeur Hankins, l’ancien président Martelly aurait non seulement participé à ces activités illicites, mais aurait également aidé certains gangs criminels sur le territoire haïtien. « Nous avons désormais rassemblé suffisamment d’informations pour justifier cette décision », a-t-il ajouté.
Le diplomate a également souligné que le Canada avait déjà pris des mesures similaires contre Michel Martelly et que d’autres sanctions pourraient bientôt être prises par l’ONU. Il a insisté sur l’importance pour les gouvernements haïtien et américain de lutter contre les « criminels en cravate » aussi fermement que contre les criminels armés.
Le secrétaire d’État américain a, pour sa part, réitéré la détermination des États-Unis à poursuivre toute personne, quel que soit son rang ou sa position, qui cherche à déstabiliser Haïti et à compliquer la vie des Haïtiens. Cette position reflète une politique américaine de tolérance zéro envers ceux qui compromettent la stabilité de la région.
Interrogé sur le qualificatif de « gang à cravate » pour décrire l’ancien président Martelly, l’ambassadeur Hankins a répondu sans ambages : « Oui, puisque l’ancien président était engagé dans le trafic de drogue et a aidé des gangs criminels en Haïti. C’est pour cette raison que nous l’avons sanctionné. Pour l’instant, la sanction est d’ordre économique, mais c’est notre détermination de poursuivre toute élite, que ce soit en Haïti ou aux États-Unis, qui cherche à déstabiliser Haïti. Des sanctions suivront. »
Cette prise de position forte de l’ambassadeur Hankins laisse présager une intensification des actions contre les acteurs politiques et économiques en Haïti qui sont liés à des activités criminelles, marquant ainsi une étape importante dans la lutte contre l’impunité dans le pays.