Port-au-Prince, le 21 septembre 2024.-
La Plateforme Résistance Démocratique (RED) brise le silence. Dans une lettre ouverte adressée au Groupe des Personnalités Éminentes de la CARICOM (GPE), ce regroupement politique n’a pas mâché ses mots quant au rôle que ce groupe a joué dans la mise en place de l’actuel pouvoir de transition en Haïti. Si le GPE se targue de faciliter un dialogue inter-haïtien en apparence bienveillant, les membres de RED y voient plutôt la main invisible de l’ingérence étrangère, masquée sous les traits de la coopération régionale.
Depuis l’assassinat brutal du président Jovenel Moïse dans la nuit tragique du 6 au 7 juillet 2021, Haïti est plongée dans un tourbillon de chaos politique et de pressions internationales. La RED, fidèle à son principe d’une prise de pouvoir exclusive par des élections libres et transparentes, déplore la tournure des événements qui a mené à la suspension du processus électoral en cours pour imposer une transition à l’avenir incertain. Pour RED, cette transition n’est rien de moins qu’un aveu d’échec de la souveraineté haïtienne, sapée par des intérêts étrangers qui ne s’alignent pas avec ceux du peuple haïtien.
RED dénonce ce qu’elle qualifie de « complot multinational » ayant orchestré l’assassinat de l’ancien président Moïse, une tragédie qui reste enveloppée de mystère et de non-dits. La plateforme accuse des acteurs internationaux et régionaux d’avoir observé avec passivité cette tragédie, facilitant ainsi l’implosion politique d’un pays déjà fragilisé. Selon eux, l’instabilité actuelle d’Haïti est le résultat d’années d’ingérence et d’actions qui, loin d’apporter la paix et la stabilité, n’ont fait qu’exacerber les tensions sociales et politiques.
RED n’hésite pas à pointer du doigt le scandale présumé autour de la Banque Nationale de Crédit (BNC), qu’elle voit comme une nouvelle pièce dans le puzzle des manœuvres internationales visant à discréditer certaines figures haïtiennes et à détourner l’attention des véritables problèmes structurels du pays. Pour RED, ces scandales artificiels servent un « projet politique » qui se déroule sous le regard complaisant de ceux qui prétendent aider Haïti.
La plateforme politique fait preuve de méfiance vis-à-vis de ce qu’elle appelle des solutions « prêtes à l’emploi » que des acteurs étrangers tentent d’imposer à Haïti. En évoquant des exemples marquants tels que la démobilisation de l’armée haïtienne ou encore la chute précipitée de l’ancien président Aristide en 2004, RED rappelle les conséquences désastreuses que de telles décisions ont eu sur le pays. Derrière chaque « solution » se cache, selon eux, un agenda politique qui ne sert pas les intérêts du peuple haïtien mais bien ceux de forces extérieures.
Toutefois, RED ne prône pas l’isolement d’Haïti. Au contraire, elle soutient une plus grande ouverture du pays à l’international, en particulier dans la région caribéenne. Mais pour RED, cette ouverture doit se faire avec prudence, en préservant avant tout les intérêts du pays et du peuple haïtien. Il ne s’agit pas de rejeter les partenaires internationaux, mais d’insister sur une collaboration basée sur le respect de la souveraineté et des besoins spécifiques d’Haïti.
La lettre ouverte de la Plateforme Résistance Démocratique au Groupe des Personnalités Éminentes de la CARICOM est un appel clair à repenser la manière dont les partenaires étrangers interviennent en Haïti. Elle demande une rupture avec les politiques du passé, où les solutions imposées ont souvent précipité Haïti dans des crises plus profondes.
À travers ce message, RED appelle à une nouvelle approche, une où Haïti, acteur central de son propre destin, puisse retrouver la dignité et la stabilité auxquelles elle aspire depuis longtemps.