Sécurité nationale : entre déstabilisation politique et discours de pacification : Quand la sécurité d’État devient une excuse récurrente pour l’immobilisme gouvernemental

Port-au-Prince, le 22 octobre 2024.-

Dans un communiqué officiel en date du 22 octobre, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) a annoncé une nouvelle alerte concernant des individus mal intentionnés qui chercheraient à semer le trouble dans le pays. Selon le communiqué, ces éléments perturbateurs ciblent particulièrement des figures politiques telles que le Chef de Gouvernement, Dr. Garry Conille, et plusieurs membres de son cabinet.

Si l’intention du gouvernement semble être de prévenir l’escalade de tensions, une question demeure : s’agit-il vraiment d’une menace crédible ou d’une nouvelle manœuvre politique pour détourner l’attention de l’incapacité chronique à rétablir l’ordre dans un pays où l’insécurité fait désormais partie du quotidien ?

Le ministère s’appuie sur des renseignements « concordants et persistants » pour justifier une intervention sécuritaire renforcée et appelle les autorités judiciaires et policières à protéger les citoyens et les biens. Toutefois, le communiqué manque cruellement de détails sur les mesures concrètes envisagées. Si ce n’est un appel répété à maintenir la sérénité, le message donne l’impression d’une rhétorique usée visant à gagner du temps face à une situation sécuritaire qui échappe de plus en plus au contrôle des autorités.

D’un autre côté, les engagements pris dans l’accord politique du 3 avril 2024 semblent être rappelés sans réelle analyse critique de leur impact jusqu’à présent. Le gouvernement continue de promettre une mobilisation totale pour contrer l’emprise des bandes criminelles, mais la population peine à croire à une issue favorable. Les engagements de rétablir la paix sont devenus des slogans réguliers, mais les actions sur le terrain ne semblent guère faire avancer les choses.

Le soutien annoncé de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) ne semble pas non plus inspirer de confiance. Le spectre d’une intervention internationale massive n’est pas sans rappeler des précédents où l’assistance étrangère n’a fait qu’effleurer les problèmes profonds du pays, sans les résoudre durablement.

Ce communiqué illustre une fois de plus l’écart entre les déclarations officielles et la réalité vécue par la population. Si le gouvernement appelle à la patience et à la sérénité, les Haïtiens attendent des actions concrètes qui dépassent les effets d’annonce, car il devient difficile de croire à la viabilité d’une sortie de crise alors que l’insécurité continue de prendre des proportions alarmantes.

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