Haïti : Les États-Unis plient sous la pression de Moscou et Pékin, abandonnant le projet de Casques bleus
New-York, le 30 septembre 2024.-
Les États-Unis ont renoncé à proposer un plan au Conseil de sécurité de l’ONU visant à transformer la mission de sécurité en Haïti, actuellement dirigée par le Kenya, en une opération de maintien de la paix formelle des Nations Unies. Cette décision est perçue comme une tentative pour éviter d’entrer en conflit avec la Russie et la Chine, selon des diplomates de l’ONU.
La mission de soutien à la sécurité, en place depuis un an pour combattre les gangs armés qui ravagent Haïti, est sur le point de voir son mandat prolongé jusqu’en 2025. Bien que cette mission soit autorisée par le Conseil de sécurité, elle ne relève pas directement des Nations Unies, les contributions en personnel et en financement venant de pays volontaires. À ce jour, seulement 400 policiers kényans ont été déployés sur le terrain, et les résultats tardent à se concrétiser.
Cependant, la proposition américaine de faire évoluer cette mission vers une opération de maintien de la paix des Nations Unies a été retirée sous pression de la Russie et de la Chine. Ces deux membres permanents du Conseil de sécurité ont exprimé des réserves quant à la transformation précipitée de la mission. Le représentant adjoint russe auprès de l’ONU, Dmitry Polyanskiy, a déclaré que Moscou souhaitait accorder plus de temps à la mission kenyane pour s’établir avant de tirer des conclusions hâtives. La Chine partage une position similaire, refusant tout plan de transition immédiat.
Un porte-parole de la mission américaine à l’ONU a affirmé que les États-Unis demeuraient engagés à restaurer la paix et la stabilité en Haïti, mais ont reconnu que la transformation en une mission de maintien de la paix formelle aurait permis un financement plus stable et une augmentation des capacités sur le terrain.
Le débat sur la gestion de la crise haïtienne se poursuit alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment déclaré que la mise en place d’une force de maintien de la paix n’était pas la solution idéale pour Haïti. Guterres a mis en garde contre une situation humanitaire désastreuse, marquée par des violences sexuelles, des déplacements massifs et une famine rampante, alors que plus de 700 000 Haïtiens ont été contraints de fuir leurs foyers.
Edgard Leblanc, chef du Conseil de transition haïtien, a exprimé son soutien à la transformation de la mission actuelle en une opération de maintien de la paix, soulignant la nécessité d’un soutien international pour ramener l’ordre dans le pays. Cette position a été évoquée par le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, lors de sa visite en Haïti plus tôt ce mois-ci.
Cependant, la population haïtienne demeure méfiante à l’égard de toute intervention armée des Nations Unies, en raison de l’héritage douloureux laissé par les précédentes missions, notamment l’épidémie de choléra et des accusations d’abus sexuels.
Le vote du Conseil de sécurité sur la prolongation de la mission kenyane est prévu ce lundi. Si la transition vers une opération de maintien de la paix n’est plus à l’ordre du jour pour le moment, la communauté internationale continue de chercher des solutions pour rétablir la sécurité dans un pays où les gangs armés dictent leur loi.