Cap-Haïtien, le 22 août 2024.-
À l’occasion de son arrivée à Cap-Haïtien, le Premier Ministre haïtien, Garry Conille, a tenu une conférence de presse où il a abordé les défis de la sécurité en Haïti, ainsi que les sanctions internationales contre l’ancien président Michel Martelly. Dans un contexte où l’insécurité paralyse encore de nombreuses régions du pays, les propos de M. Conille, empreints d’optimisme, contrastent fortement avec la réalité vécue par une grande partie de la population haïtienne.
Lors de son intervention, Garry Conille a tenu à souligner les progrès réalisés en matière de sécurité, tout en appelant à la patience. Se basant sur des exemples de pays comme le Salvador, la Colombie, et la Jamaïque, le Premier Ministre a indiqué que la restauration de la sécurité est un processus long et complexe, même pour des pays dotés d’une force de police et d’une armée bien équipées. « Nous avons des références en matière de sécurité. À Salvador, il y a 300 policiers pour 100,000 habitants. La Colombie a 600 policiers pour 100,000. La Jamaïque a 300 policiers pour 100,000 habitants. Chacun de ces pays a pris un certain temps pour rétablir la sécurité, » a-t-il déclaré.
Malgré cet optimisme affiché, la réalité sur le terrain reste préoccupante. Les citoyens haïtiens continuent de vivre sous la menace des gangs et des violences, les empêchant de vaquer librement à leurs activités quotidiennes. Conscient de cette situation, Garry Conille a néanmoins affirmé : « Le retour à la sécurité ne sera ni dans un mois ni dans deux mois, mais on avance. Cela demande engagement, patience, mariage de la population avec la police pour avancer ensemble. Ce que je peux vous dire, je suis assez satisfait de la façon que j’avance. »
Au cours de la conférence de presse, le Premier Ministre s’est également exprimé sur les sanctions imposées par des pays étrangers contre l’ancien président Michel Martelly. Les sanctions, qui concernent des accusations graves, ont soulevé de nombreuses interrogations au sein de la population haïtienne, avide de comprendre les dessous de cette affaire. Garry Conille a insisté sur la nécessité pour l’État haïtien de collaborer avec ses partenaires internationaux afin de faire la lumière sur ces accusations : « La responsabilité de l’État à travers le ministre de la Justice est de demander aux pays amis d’Haïti de partager avec lui la documentation, l’information que vous avez pour mieux comprendre ce qui se passe. »
Le Premier Ministre a en outre souligné les faiblesses du système judiciaire haïtien, expliquant que si ce dernier avait été pleinement opérationnel, les sanctions contre Michel Martelly auraient pu être prises en charge localement. « L’une des raisons pour lesquelles c’est un pays ami qui sanctionne c’est parce que notre système de justice n’est pas fonctionnel. Si notre système de justice était fonctionnel, si nous avions pris notre responsabilité pour qu’il y ait imputabilité, nous n’aurions pas besoin que ce soit un pays ami qui sanctionne. »
Cette conférence de presse, bien que marquée par un discours d’optimisme, met en lumière les défis majeurs auxquels Haïti continue de faire face, tant sur le plan sécuritaire que judiciaire. Les déclarations du Premier Ministre Garry Conille, tout en reconnaissant la complexité de la situation, reflètent une volonté de persévérer dans la recherche de solutions à long terme, mais la patience de la population, elle, reste mise à rude épreuve.