Cap-Haïtien, 5 septembre 2025 –
Une nouvelle Commission municipale intérimaire a été officiellement installée ce vendredi à la tête de l’Administration communale, suite à une décision du Conseil des ministres. La cérémonie, présidée par le Délégué départemental du Nord, Me Marc M. Présumé, s’est tenue en présence d’autorités judiciaires, administratives ainsi que d’une assistance représentative des différents secteurs de la ville.
À la présidence de cette structure provisoire, l’entrepreneure et militante culturelle et environnementale Angeline (Angie) Bell. Connue pour son engagement à travers le projet « PouBèlAyiti », une initiative innovante de gestion des déchets par l’art et la sensibilisation, elle incarne un profil atypique, bien éloigné des figures traditionnelles de l’administration locale. À ses côtés figurent Patrick Almonor, reconduit dans ses fonctions, et Isaac Pierre-Louis, nouvellement nommé.
Dès ses premiers mots, Mme Bell a affiché une volonté de rupture : « Nous ne sommes pas venus pour faire des promesses, mais pour collaborer avec tous les secteurs afin de travailler au changement de la ville », a-t-elle déclaré avec fermeté.
Dans son premier discours officiel, la nouvelle présidente a lancé un appel vibrant à la solidarité citoyenne. Elle a invité tous les Capois et Capoises, élèves, entrepreneurs, institutions étatiques, société civile et presse, à s’unir face aux défis pressants qui minent la commune. « La ville du Cap est pour nous. C’est à nous de la refonder », a-t-elle insisté.
La mission assignée à cette Commission est claire : assurer la gestion de la commune en attendant la tenue des prochaines élections. Une tâche complexe dans un contexte marqué par des urgences multiples : insalubrité chronique, infrastructures délabrées, tensions sociales et méfiance croissante envers les institutions.
Le choix d’Angeline Bell, personnalité issue de la société civile et non de la politique traditionnelle, peut être perçu comme une tentative d’injecter une dynamique nouvelle. Mais la réussite de cette Commission dépendra moins des discours que de sa capacité à instaurer une gouvernance participative et à s’attaquer de front aux problèmes structurels de la ville.
Les attentes des Capois restent élevées, mais aussi empreintes de scepticisme, tant les expériences passées ont souvent déçu. Si Mme Bell et son équipe parviennent à transformer l’élan de mobilisation en actions concrètes, la Commission pourrait ouvrir une voie nouvelle pour l’administration municipale. Dans le cas contraire, elle risquerait de n’être qu’une transition de plus dans un paysage déjà saturé d’intermédiaires provisoires.
La balle est désormais dans le camp de la Commission, mais aussi dans celui des citoyens. La refondation de la ville ne pourra s’opérer qu’à travers un véritable pacte de coresponsabilité entre dirigeants et administrés.

