Fort-Liberté, 2 octobre 2025 –
Une délégation menée par l’ambassadeur de France en Haïti, Antoine Michon, et le coordonnateur général du Programme national de cantines scolaires (PNCS), Me Kevenot Dorvil, a visité ce mercredi l’usine de riz de l’organisation CLÉS, située à Carrefour Chevry dans la commune de Fort-Liberté. Cette structure fournit une partie des produits destinés aux repas scolaires.
À l’occasion de cette visite, le diplomate français a annoncé que pour l’année scolaire 2025-2026, la France financera le repas quotidien de 80 000 élèves haïtiens. Une aide qui, selon lui, allie soutien social et dynamisation de l’économie rurale. « Chaque repas, c’est un enfant qui apprend mieux. Chaque repas, c’est aussi un marché pour un paysan et un revenu pour une famille », a souligné M. Michon, insistant sur le fait que ces repas sont préparés à partir de produits 100 % locaux : riz, maïs, haricots et lait, impliquant environ 3 500 producteurs et 1 500 éleveurs.
Le coordonnateur du PNCS, Me Kevenot Dorvil, a salué l’initiative et précisé que le budget du programme s’élève cette année à 1,2 milliard de gourdes, dont une part importante sera allouée à l’alimentation des élèves. « Nous avons signé un protocole d’accord avec des producteurs locaux afin d’encourager la production nationale », a-t-il déclaré.
De son côté, Albert Paul Joseph, directeur de l’organisation CLÉS, a assuré que son entreprise est prête à relever le défi : « Nous avons déjà renforcé notre capacité de production pour répondre aux exigences du contrat signé avec le PNCS. Les producteurs partenaires sont mobilisés et nous nous engageons à fournir des denrées de qualité pour accompagner cette politique alimentaire. »
Si cette initiative apparaît louable, elle soulève néanmoins plusieurs interrogations. D’une part, elle met en lumière la dépendance chronique d’Haïti vis-à-vis de financements extérieurs pour des besoins aussi essentiels que l’alimentation scolaire. D’autre part, malgré les promesses de valoriser la production locale, certains acteurs agricoles redoutent que ces accords n’aboutissent qu’à des engagements ponctuels, sans réelle politique durable de soutien aux paysans.
Le contraste est frappant : tandis que des milliers d’élèves bénéficieront d’un repas quotidien grâce à l’appui français, l’État haïtien peine toujours à garantir par lui-même ce droit fondamental. Un rappel cruel des fragilités structurelles du pays, où la solidarité internationale pallie encore et toujours l’absence de politiques publiques fortes.
