Cap-Haïtien, 25 août 2025 –
Dans une longue note aux allures d’hommage à elle-même, Yvrose Pierre, mairesse sortante du Cap-Haïtien, a tenu à dire adieu à ses concitoyens. Mais ne nous y trompons pas : ce départ n’a rien du geste noble d’un capitaine quittant volontairement son navire. Il s’agit plutôt d’une sortie par la petite porte, conséquence d’une gestion municipale jugée chaotique, avec en prime une ville livrée aux montagnes de fatras.
Dans son message, l’élue raconte avoir fait du Cap-Haïtien un havre de stabilité dans un pays miné par l’insécurité. Sauf que, pendant qu’elle vante ses « routes en construction » et ses « projets innovants », les Capois, eux, se faufilent entre les tas d’immondices qui décorent les trottoirs comme des œuvres d’art involontaires. Les mouches, elles, n’ont jamais connu un âge d’or pareil.
« J’ai dû prendre des risques au péril de ma propre vie », écrit-elle, se drapant dans le rôle de l’héroïne. Mais les Capois, eux, auraient préféré qu’elle prenne surtout le risque de doter la ville de poubelles et de camions-bennes. Car si la fête patronale a illuminé la cité récemment, le lendemain, c’est l’odeur des déchets qui a repris le dessus.
Et que dire de sa « boussole stratégique » censée guider le développement ? Elle semble avoir oublié le nord : entre les marchés saturés d’ordures, les canaux bouchés et les rues transformées en dépotoirs, le Cap-Haïtien ressemble moins à une vitrine internationale qu’à une salle d’attente pour une opération de nettoyage d’urgence.
Remplacée après la fête patronale, la mairesse tente pourtant de garder la tête haute, remerciant partenaires, diaspora et collaborateurs, comme si la ville brillait déjà au firmament des cités modernes. Mais les Capois, eux, savent que le vrai défi reste devant : rendre aux rues leur dignité et aux habitants leur ville.