Kenya : des Pasteurs Évangéliques au Cœur de la Mission Anti-Gang en Haïti

Nairobi, le 5 juin 2024.-

En une initiative inédite, le Kenya, leader de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) en Haïti, a sollicité l’appui de pasteurs évangéliques pour accompagner ses forces de police dans la prière. Cette décision, rapportée par l’agence REUTERS, met en lumière le rôle central de la foi dans les préparatifs de cette mission ambitieuse contre les gangs en Haïti.

Dans les mois précédant le déploiement des policiers kenyans, le président William Ruto a consulté un éventail de conseillers, incluant des experts en sécurité, des responsables politiques et des dirigeants étrangers. Cependant, il a également puisé des conseils auprès d’un cercle de pasteurs chrétiens évangéliques, proches de lui et de son épouse, Rachel Ruto. Ces pasteurs ont non seulement adressé des recommandations à Ruto, mais ont aussi agi comme médiateurs entre les communautés haïtiennes et la présidence kenyane, selon des témoignages recueillis auprès de deux pasteurs et trois dirigeants évangéliques haïtiens et américains.

Serge Musasilwa, un pasteur évangélique impliqué dans l’initiative, a affirmé : « Nous croyons que nous sommes un outil que Dieu utilisera pour aider ». Sociologue de formation, Musasilwa possède une expérience en résolution des conflits, acquise en République démocratique du Congo et dans divers pays africains.

Les parties prenantes de cette initiative estiment que les relations établies avec les communautés haïtiennes permettront à la MMSS, dirigée par le Kenya, d’éviter les erreurs commises par les interventions étrangères passées en Haïti. Cette approche vise à renforcer la cohésion et la compréhension culturelle entre les forces de police et la population locale.

La foi du président Ruto et de son épouse est publiquement affichée, intégrant les pasteurs évangéliques dans les affaires d’État à travers le programme de « diplomatie de la foi » de la Première Dame. Ce programme engage les chefs religieux à soutenir des initiatives sociales. En mars, lors d’une réunion à l’hôtel Weston de Nairobi, Rachel Ruto a expliqué à un groupe de pasteurs évangéliques que le Kenya travaillait sur une « solution spirituelle » pour Haïti. « Nous ne pouvons pas permettre à nos policiers d’aller en Haïti sans prier », a-t-elle déclaré, selon une vidéo relayée par The Star, un journal kenyan.

Cette implication religieuse dans la mission anti-gang reflète l’engagement personnel et politique du président Ruto. Son engagement reste inébranlable malgré les retards et l’opposition de nombreux Kenyans éminents. Pete Inman, un homme d’affaires américain et évangélique proche des Ruto, a déclaré : « Je pense que c’est avant tout une expression de leur foi ». Il a ajouté que cette mission avait également une dimension stratégique, renforçant les liens avec les États-Unis, principal bailleur de fonds de la mission.

En évoquant une responsabilité morale envers la population haïtienne d’origine africaine, le président Ruto exprime un sentiment de solidarité transcendant les frontières géographiques et culturelles. Cette approche, résumée par un adage évangélique : « là où la science se révèle limitée, faites appel à la foi », suscite des réactions mitigées. Si les chrétiens haïtiens accueillent favorablement cette démarche, des observateurs critiquent l’implication religieuse dans une mission de sécurité internationale.

La mission de la MMSS en Haïti, dirigée par le Kenya, représente un défi complexe mêlant diplomatie, sécurité et foi. Tandis que les policiers kenyans se préparent à intervenir, le soutien spirituel des pasteurs évangéliques est perçu comme un atout moral et stratégique pour cette opération délicate.

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