Cap-Haitien, le 19 juin 2024.-
Le 16 juin 2024, la Délégation du Nord a été le théâtre d’une soirée mémorable, marquant les deux ans de Fashion Up Haiti sous le thème évocateur : “Les Haïtiens sont des diamants noirs avec une coupe afro”. Ce rendez-vous annuel, devenu incontournable dans le paysage de la mode haïtienne, a offert une vitrine exceptionnelle à la créativité et à l’ingéniosité des talents locaux.
La festivité, qui a débuté dans une atmosphère de fébrilité et de célébration, a tenu toutes ses promesses jusqu’à la fin. Les défilés de mode et les performances se sont succédé, chacun surpassant le précédent en excellence. Les créations exposées témoignaient de l’audace et de l’élégance, parfaitement alignées avec le thème “The Meeting”.
Gérard Maxineau, journaliste du quotidien Le Nouvelliste, a immortalisé cet événement pour Ticket Magazine. Il a souligné : « Les participants, arborant des tenues audacieuses et élégantes, ont fait preuve d’une inventivité sans pareille pour rester fidèles au thème “The Meeting”. Cette célébration de la mode haïtienne a non seulement montré l’ingéniosité des créateurs locaux, mais a également renforcé la fierté culturelle des participants et des spectateurs. »
Malheureusement, la célébration a pris une tournure inattendue. Des détracteurs ont saisi des images du gala pour créer un compte Facebook destiné à discréditer l’événement, en l’associant à des activités d’homosexualité. Cette diffamation a suscité l’indignation parmi les organisateurs et les participants.
Loudjina Vixamar, PDG de Fashion Up Haiti, a pris la parole pour clarifier les intentions de l’événement et répondre aux accusations. « Fashion Up Haiti est un réseau de mode qui regroupe des mannequins, des créateurs, des maquilleurs, des photographes et tous ceux qui aiment la mode. Ce dimanche 16 juin, nous fêtions notre deuxième anniversaire et c’est la deuxième fois que nous organisons ce gala, » a-t-elle expliqué. « Le gala s’intitule ‘Dress to Impress’, ce qui signifie s’habiller pour impressionner, pour faire parler les gens. »
Elle a ajouté : « Le thème de cette année était ‘Les Haïtiens sont des diamants noirs avec une coupe afro’. Lorsque les gens trouvent le thème du gala, ils sont censés l’interpréter et créer une tenue qui correspond au thème. Et pour ce gala de deuxième anniversaire, les gens viennent de plusieurs endroits comme Port-au-Prince et Gonaïves pour participer. Le gala est donc une activité purement mode, et il s’agit de célébrer les deux ans de Fashion Up Haiti et de donner une autre image de la mode en Haïti. »
Face aux attaques, Loudjina Vixamar n’a pas caché son indignation. Elle a reçu de nombreux messages de détracteurs, lesquels ont donné une connotation malveillante à l’événement. « Il n’a jamais été question d’activité homosexuelle. La mode, c’est tout ce qui sort de l’ordinaire, tout ce qui est nouveau et qui provoque des commentaires. L’activité n’est pas faite pour les homosexuels, et je ne connais pas d’homosexuels qui étaient là. Il y avait beaucoup de monde et je ne pouvais pas connaître tous les invités, » a-t-elle précisé.
Son père, le révérend Pasteur William Vixamar, une figure médiatique respectée en Haïti, a également exprimé son désarroi. « Ma fille est majeure. Elle a sa compagnie et elle organise son activité. Je ne vois pas pourquoi certains individus citent mon nom. C’est écœurant, » a-t-il déclaré.
Pierrot Dégaul Augustin, Délégué départemental du Nord, a également apporté son soutien. « L’arrêté qui nomme les Délégués départementaux autorise l’organisation des activités culturelles au sein de la Délégation. Une organisation m’a demandé d’emprunter le salon de la Délégation pour un défilé de mode, et je l’ai autorisé. Je n’étais pas là lors du déroulement de l’activité, mais il n’était pas question d’activité d’homosexualité, » a-t-il affirmé.
Malgré cette polémique, Loudjina Vixamar reste déterminée à poursuivre ses initiatives pour promouvoir la mode en Haïti. Fashion Up Haiti, qui tient des réunions hebdomadaires au Centre de Formation Classique à Cap-Haïtien, prévoit d’ouvrir prochainement une école de mode et de label, intégrant des cours de couture, d’étiquette, de communication et de marketing.
« À Fashion Up Haiti, on apprend aux gens à marcher, on organise des défilés pour présenter des vêtements de créateurs. On fait des formations en communication, on réalise des photos de reportage pour entreprise, et on entreprend des formations en gestion d’image, » a-t-elle conclu.
En dépit des défis, la vision de Loudjina Vixamar pour une mode haïtienne dynamique et innovante continue de briller. Fashion Up Haiti reste un phare d’espoir pour ceux qui voient la mode comme un vecteur de culture et de fierté nationale.