Cap-Haitien, le 23 juin 2024.-
Plusieurs organisations du secteur protestant haïtien élèvent leur voix pour demander au gouvernement de bloquer la mise en application du nouveau code pénal. Parmi ces organisations, on compte la Communauté des Leaders Évangéliques-Pasteurs Haïtiens (CLEPH), dirigée par le révérend docteur Jephthé Lucien, Kretyen Angaje pou Sove Ayiti (KASA), coordonnée par le révérend Daniel Jean-François, et la Coalition des Églises Protestantes du Grand Nord d’Haïti (CEPGNH), dirigée par le révérend Paul Saintil.
Ces organisations de la société civile exhortent les membres du Gouvernement, y compris les Conseillers-Présidents et le Premier Ministre Garry Cornille, à empêcher l’entrée en vigueur du nouveau code pénal. Selon ces leaders religieux, le code, dans sa forme actuelle, contient plusieurs articles problématiques qui nécessitent une révision urgente.
En réponse aux préoccupations croissantes, le Premier Ministre Ariel Henry avait précédemment formé une commission de neuf membres chargée d’évaluer le document et de proposer des amendements nécessaires. Cette commission a recommandé de reporter l’application du Code pénal et de modifier plusieurs articles, notamment les articles 248, 264, 273, 275, 277, 278, 298, 301, 304, 306, 362, 363, 366, 376, 468, et 471.
Cependant, KASA déplore l’inaction du gouvernement face à ces recommandations essentielles. « Aucune mesure concrète n’a été mise en place pour suivre les suggestions de la commission, » a déclaré le révérend Daniel Jean-François. « Cette inaction laisse ouverte la possibilité que le Code pénal entre en vigueur dans sa forme actuelle, ce qui est source de grande préoccupation. »
Dans le contexte actuel de crise sécuritaire, socio-politique et financière, CLEPH insiste sur l’urgence de retarder l’application du nouveau Code pénal sans les modifications nécessaires. L’organisation met en garde contre une potentielle crise morale additionnelle qui pourrait survenir, exacerbant les tensions déjà existantes. « Nous craignons une augmentation du tourisme sexuel, une menace morale et sécuritaire sérieuse pour les victimes potentielles, » a déclaré le révérend docteur Jephthé Lucien.
Réclamant une révision de ce texte législatif, CEPGNH cherche à protéger les valeurs morales et éthiques de la nation haïtienne. L’organisation avertit que la mise en œuvre du Code pénal dans sa forme actuelle pourrait déclencher des manifestations de rue répétées, augmentant ainsi l’instabilité sociale. « La stabilité de notre pays est déjà fragile, » a affirmé un porte-parole de CEPGNH. « Nous devons éviter toute mesure qui pourrait aggraver la situation. »
Ces organisations espèrent que cette intervention sera prise en compte avec la plus grande attention et que des mesures seront promptement adoptées pour aligner le Code pénal avec les valeurs et attentes de la population haïtienne. « Il est impératif que le gouvernement écoute la voix de ses citoyens et prenne les mesures nécessaires pour éviter une crise supplémentaire, » ont conclu les représentants de ces organisations protestantes.