Le Bureau de Suivi de l’Accord Montana : Quand la Morale Politique Rencontre la Tragédie de l’Enfant Gâté

Port-au-Prince, le 30 août 2024.-

Comme un enfant à qui on aurait volé son jouet préféré, le Bureau de Suivi de l’Accord Montana (BSA) se plaint amèrement, non sans une pointe d’ironie, de son propre sort. Dans une note publique empreinte de ressentiment, l’organisation déclare sa « profonde humiliation » face à l’attitude de son représentant au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Fritz Jean, tout en réclamant… sa propre destruction ? Oui, vous avez bien lu. Laissez-moi vous expliquer cette mascarade.

Le BSA, autrefois champion des nobles valeurs telles que la lutte contre la corruption, l’impunité, et le respect des engagements publics, s’insurge aujourd’hui contre ce qu’il appelle une trahison de l’esprit du consensus. Apparemment, les dirigeants de l’accord du 3 avril 2024, qui devaient mener Haïti vers un avenir plus radieux, se sont octroyés un droit divin de détruire ce qu’ils ont eux-mêmes signé. Mais ne soyons pas naïfs. Ce ne sont pas les principes qui dérangent le BSA. Non, c’est plutôt le goût amer du gâteau mal partagé.

Depuis l’installation du CPT, la réalité d’un pacte autrefois si glorieux se révèle sous un jour bien plus sombre. Le BSA s’était probablement imaginé assis à la table du festin, mais découvre qu’il doit se contenter des miettes. Les membres du CPT ont préféré servir les leurs, laissant les autres – comme le BSA – sur le carreau.

L’accusation est claire : le CPT a trahi l’accord du 3 avril en évitant soigneusement de publier le document fondamental, en conspirant avec un gouvernement pour se donner un nouveau mandat, tout en livrant le processus de transition à l’illégitimité et à l’informalité. Et c’est là que le BSA commence à gémir, non par éthique, mais parce qu’il n’a pas eu sa juste part du butin.

Les scandales de corruption se multiplient, dit-on, allant des rumeurs sur la vente de postes de Premier ministre à la distribution de ministères comme des parts d’un gâteau d’anniversaire. Pourtant, la population, elle, assiste incrédule à ce spectacle pathétique, se demandant comment ces prétendus sauveurs ont réussi à transformer l’espoir en désillusion. Le BSA, dans une ultime tentative de sauver la face, appelle à l’union des forces sociales pour exiger des comptes.

Ironiquement, c’est ce même BSA qui appelle les membres « honnêtes » du CPT à se désolidariser des corrompus et à faire preuve de courage en dénonçant les actes malhonnêtes. Mais dans un monde où chacun garde précieusement sa part du gâteau, qui osera lever la voix ?

Le BSA, pris dans une contradiction de taille, demande à la société de se ressaisir, de pousser pour le respect de l’accord qu’il a lui-même contribué à piétiner, espérant peut-être, dans un dernier souffle, sauver les apparences d’une transition qui n’a plus de transition que le nom.

Ainsi, la moralité politique, dans ce petit théâtre haïtien, ressemble à une tragédie grecque, où les héros finissent par se détruire eux-mêmes dans une quête désespérée de pouvoir. Le BSA, en pleurs, réclame justice, mais peut-être aurait-il mieux fait de réfléchir à deux fois avant de se lancer dans cette danse macabre.

En attendant, le peuple regarde, abasourdi, la farce qui se joue devant ses yeux, se demandant combien de temps encore il faudra pour que ce cirque politique prenne fin.

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