Port-au-Prince, le 10 novembre 2024.-
Rien ne va plus au sommet de l’État haïtien !Garry Conille, Premier ministre apparemment en fin de règne, s’accroche à son poste comme un capitaine à son navire en train de couler. Dans une lettre adressée au Directeur général des Presses Nationales, Ronald Saint-Jean, Conille implore — non, exige — qu’on ignore la résolution du Conseil Présidentiel de Transition le remerciant gentiment mais fermement de ses services.
En des termes aussi solennels que risibles, Conille rappelle que, selon la Constitution, les actes administratifs doivent se conformer à la légalité. Eh oui, il invoque la « légalité » avec une passion presque désespérée, comme s’il s’agissait de son dernier rempart contre l’inévitable. Le Premier ministre semble découvrir tardivement que les résolutions du Conseil ne vont pas toujours dans le sens de ses intérêts.
En grand défenseur de l’État de droit (et de sa propre position), Conille dénonce cette décision « manifestement entachée d’illégalité ». Et pour enfoncer le clou, il va même jusqu’à rappeler à Saint-Jean que la publication d’actes officiels relève de la « responsabilité du Gouvernement » — c’est-à-dire lui, bien sûr, tant qu’il est encore là.
Mais que cache vraiment cette lettre, demanderez-vous ? Peut-être une crainte profonde de se voir relégué à l’ombre, d’être effacé des annales du « Moniteur », le journal officiel du pays. Car dans l’esprit du Premier ministre, rien ne serait pire qu’un acte officiel confirmant sa chute.
Si on lit entre les lignes, cette missive ressemble plus à un ultime cri de ralliement : « Ne publiez pas ma destitution, et ainsi, je serai toujours Premier ministre ! ». Un raisonnement qui frôle le désespoir, mais qu’importe, Conille n’a visiblement pas l’intention de descendre du train du pouvoir.
Et ainsi, tandis que Garry Conille tente d’empêcher sa destitution de voir le jour dans les colonnes officielles, on imagine que les cafés et les bureaux de Port-au-Prince bruissent d’un seul mot : « Pathétique ! »
En attendant, le Directeur général des Presses Nationales va peut-être bien recevoir la missive, mais la grande question reste : Osera-t-il apposer son veto et stopper la publication de cette résolution historique ? Ou préférera-t-il une bonne dose d’humour en publiant cette tentative désespérée de sauver un trône en péril ?