Port-au-Prince, 7 mars 2025.–
La présidence tournante du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a officiellement changé de main ce vendredi, avec la passation de pouvoir entre Leslie Voltaire et Fritz Alphonse Jean. Une cérémonie sobre, qui masque mal les profondes incertitudes qui pèsent sur l’avenir politique du pays.
Conformément à la résolution du 4 octobre 2024, M. Jean dirigera le CPT jusqu’au 7 août 2025. Un calendrier qui, en théorie, symbolise une continuité institutionnelle. Mais dans un contexte de crise sécuritaire persistante et d’instabilité politique, ce changement de leadership suffira-t-il à redonner espoir à une population éprouvée ?
Dans son discours de départ, Leslie Voltaire a dressé un bilan qui se veut rassurant, mettant en avant des avancées en matière de sécurité et de préparation aux élections. Pourtant, sur le terrain, la situation demeure critique : les gangs continuent de semer la terreur, la réforme constitutionnelle reste embryonnaire, et les échéances électorales semblent toujours hors de portée.
Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et d’autres hauts responsables étaient présents pour saluer cette transition, mais aucun engagement clair n’a été pris sur l’organisation des élections, pourtant annoncées comme une priorité.
Dans son discours inaugural, Fritz Alphonse Jean a promis de poursuivre les efforts de stabilisation du pays. Il a notamment annoncé le recrutement de 3 000 nouveaux agents pour renforcer les effectifs de sécurité. Une mesure qui, si elle se concrétise, pourrait marquer un tournant. Mais comment financer cette initiative dans un État dont les ressources sont exsangues ?
Par ailleurs, l’accent mis sur la lutte contre l’insécurité laisse peu de place aux réformes structurelles, pourtant essentielles à la reconstruction du pays. Sans une stratégie claire sur la gouvernance et l’économie, la transition risque de s’enliser dans les mêmes contradictions que par le passé.
Alors que les Haïtiens espèrent un véritable changement, le Conseil Présidentiel de Transition semble toujours naviguer à vue. La promesse d’un retour à l’ordre constitutionnel reste floue, et la population peine à voir des résultats concrets.
Cette passation de pouvoir, bien que présentée comme une preuve de maturité politique, ressemble davantage à une opération de communication qu’à un véritable tournant pour Haïti. La transition doit encore faire ses preuves, et le temps presse.