Les États-Unis désignent « Viv Ansanm » et « Gran Grif » comme organisations terroristes : une nouvelle ère dans la lutte contre les gangs en Haïti

Port-au-Prince, 3 mai 2025

Dans une déclaration percutante rendue publique le 2 mai 2025, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé la désignation officielle des groupes armés haïtiens Viv Ansanm et Gran Grif en tant qu’Organisations Terroristes Étrangères (FTO) et Terroristes Internationaux Spécialement Désignés (SDGT). Ce geste marque une escalade majeure dans l’approche de Washington face à la crise sécuritaire haïtienne.

« La période d’impunité pour ceux qui soutiennent la violence en Haïti est terminée », a déclaré Marco Rubio, exprimant clairement la volonté des États-Unis d’utiliser tous les leviers diplomatiques, légaux et financiers à leur disposition pour assécher les ressources de groupes qui, selon lui, « terrorisent le peuple haïtien » et cherchent à renverser le gouvernement légitime.

Le Département d’État identifie Viv Ansanm, né en septembre 2023, comme une coalition des deux principales fédérations de gangs de Port-au-Prince — G9 et G-Pèp. Cette plateforme criminelle aurait été à l’origine d’attaques coordonnées contre des institutions essentielles du pays : aéroport, prisons, bâtiments publics… entraînant notamment la démission de l’ancien Premier ministre Ariel Henry.

Quant à Gran Grif, basé dans le département de l’Artibonite — cœur agricole du pays — il est tenu responsable de 80 % des décès civils dans cette région depuis 2022. Ce groupe est également soupçonné d’être derrière l’attaque de février 2025 ayant coûté la vie à un officier kényan de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), approuvée par l’ONU.

La désignation de ces groupes comme organisations terroristes a pour effet immédiat de bloquer tous leurs avoirs aux États-Unis et d’interdire toute transaction avec eux par des citoyens américains ou des résidents permanents légaux. Fournir un quelconque soutien matériel ou financier à Viv Ansanm ou Gran Grif est désormais passible de poursuites criminelles et d’interdictions de séjour aux États-Unis.

Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la section 219 de la Loi sur l’immigration et la nationalité ainsi que du décret exécutif 13224, visant à perturber les réseaux de financement du terrorisme international.

Washington a également réitéré son appui à la Police Nationale d’Haïti (PNH) et aux forces de la MMSS, saluant leur « courage extraordinaire » face à des groupes de plus en plus organisés et armés. Les États-Unis encouragent en parallèle les leaders politiques haïtiens à placer la sécurité du peuple au cœur de leurs priorités et à œuvrer à un retour rapide à l’ordre constitutionnel à travers des élections libres et équitables.

En adoptant cette ligne dure, l’administration Trump entend protéger ses intérêts géopolitiques dans la Caraïbe et limiter l’instabilité chronique d’un pays voisin. Cette décision pourrait également ouvrir la voie à une coopération régionale plus renforcée, avec d’autres gouvernements préoccupés par la prolifération des gangs et du trafic illicite dans l’espace caribéen.

La communauté internationale observe avec attention cette tournure des événements. Si cette désignation donne aux forces de l’ordre américaines et à leurs partenaires de nouveaux outils juridiques pour démanteler les réseaux de gangs, certains analystes s’interrogent sur la capacité réelle des autorités haïtiennes à capitaliser sur ce soutien accru, sans stratégie nationale claire de désarmement, de justice et de réintégration.

Quoi qu’il en soit, cette décision du Département d’État envoie un message clair : les gangs haïtiens ne sont plus perçus comme de simples fauteurs de troubles locaux, mais comme des menaces régionales à part entière. Pour Haïti, c’est peut-être le début d’un tournant dans la lutte contre la terreur des gangs qui gangrène la société depuis trop longtemps.

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