Port-au-Prince, le 7 mars 2024.-
Haïti, déjà aux prises avec une série de crises politiques, sociales et économiques, semble désormais au bord du précipice alors que le gouvernement déclare l’état d’urgence pour une période d’un mois. Cette décision, prise dans un contexte de turbulences politiques et de troubles sociaux persistants, suscite des réactions mitigées, voire franchement critiques, au sein de la population et de la communauté internationale.
Dans un communiqué publié ce jeudi 7 mars 2024, et signé par Patrick Michel Boivert en l’absence du Premier Ministre Ariel Henry, retenu à l’étranger, le gouvernement haïtien prolonge le couvre-feu et interdit les manifestations sur la voie publique pendant la période de l’état d’urgence. Cette mesure, déclarée dans le département de l’Ouest, est censée rétablir l’ordre et permettre aux autorités de reprendre le contrôle de la situation.
Cependant, cette annonce n’a pas manqué de susciter des réactions vives, notamment de la part de certains observateurs qui critiquent fermement cette décision. Pour eux, restreindre le droit de manifester va à l’encontre des principes démocratiques fondamentaux. L’interdiction des manifestations sur la voie publique est perçue comme une atteinte à la liberté d’expression et une tentative de restreindre les droits fondamentaux des citoyens.
En effet, pour de nombreux Haïtiens, le droit de manifester est un pilier essentiel de la démocratie et un moyen légitime de faire entendre leur voix face aux injustices et aux dysfonctionnements du gouvernement. Restreindre ce droit constitue, selon eux, une dérive autoritaire et un pas dangereux vers l’instauration d’une dictature.
De plus, l’absence du Premier Ministre Ariel Henry lors de la publication de cet arrêté soulève des interrogations quant à la légitimité et à la transparence de cette décision. Certains voient dans cette situation une preuve supplémentaire de l’instabilité politique qui règne dans le pays et de l’incapacité du gouvernement à faire face aux défis multiples auxquels Haïti est confronté.
Face à ces critiques acerbes, le gouvernement haïtien insiste sur la nécessité de prendre des mesures drastiques pour rétablir la stabilité et la sécurité dans le pays.
Néanmoins, la légitimité et l’efficacité de ces mesures sont largement remises en question, alimentant ainsi un climat de méfiance et d’incertitude au sein de la population haïtienne. Alors que le pays reste plongé dans l’instabilité politique et sociale, la déclaration de l’état d’urgence ne semble pas offrir de solutions durables aux défis profonds auxquels Haïti est confronté, laissant planer l’ombre d’un avenir incertain et tumultueux.