Pont-Sondé, le 6 Octobre 2024.-
La semaine dernière, Pont-Sondé, dans le Bas-Artibonite, a fait face à une nouvelle vague de violence orchestrée par le tristement célèbre gang « Gran Grif » de Savien. La population déjà éprouvée s’est retrouvée au cœur de l’insécurité, des destructions et des déplacements forcés. Face à cette tragédie, la ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes, Marie Françoise SUZAN, et le ministre délégué à la Solidarité et aux Affaires Humanitaires, Herwil GASPARD, ont convoqué les « grands cerveaux » des agences de coopération internationale pour une rencontre d’urgence. L’objectif ? Former une task force. Le résultat ? Du pain, du riz, des matelas… et beaucoup de promesses.
Autour de la table, des représentants des Nations Unies (ONUFEMMES, UNICEF, UNFPA, OIM et OCHA) et d’autres partenaires internationaux, tous armés de leur expertise et de leurs fonds, ont esquissé un plan d’action : kits alimentaires, couvertures, vêtements, toilettes mobiles, médicaments et hygiène. Bien sûr, cela ressemble à une recette bien rodée pour les crises humanitaires en série. Mais à entendre les participants, il ne s’agit pas de « simples » dons ; non, c’est une « stratégie de réponse urgente et bien coordonnée ». On se demande combien de PowerPoints et de sessions de brainstorming seront nécessaires avant de voir la couleur d’une seule couverture.
Les membres du gouvernement, les agences de coopération et les partenaires techniques et financiers ont assuré leur collaboration pour répondre aux besoins pressants des déplacés et blessés. En d’autres termes, ils ont fait ce qu’ils savent faire de mieux : promettre. Tout le monde est unanime, il faut « continuer à réfléchir » pour « une collaboration adéquate ». Et pendant que la task force réfléchit, la population de Pont-Sondé tente, elle, de survivre. Une chose est sûre : si les réflexions pouvaient nourrir, abriter et soigner, Haïti serait déjà un pays développé.
Et si vous pensiez que notre vaillant premier ministre Garry Conille était en train de superviser tout cela, détrompez-vous. Le chef du gouvernement est en voyage. Direction : l’étranger. Objectif : discuter sécurité avec le président kenyan, William Ruto. Ah oui, parce qu’il est primordial de parler sécurité avec un pays dont les troupes, fraîchement débarquées en Haïti, sont elles-mêmes sous la protection de la PNH. Eh oui, nos valeureux agents haïtiens sécurisent les soldats kenyans censés assurer notre sécurité. C’est le monde à l’envers !
Avec une population exsangue, des infrastructures dévastées et une sécurité inexistante, il semble que les solutions soient toujours au stade de la réflexion, pendant que le premier ministre cumule les miles aériens. Peut-être qu’un jour, Pont-Sondé se relèvera. Mais ce jour-là, espérons que la task force aura fini de réfléchir et que les soldats kenyans seront enfin capables de se protéger eux-mêmes. En attendant, Haïti continue de sombrer… et de réfléchir.