Port-au-Prince, le 29 novembre 2024.-
Dans une missive aussi poétique que corrosive, l’ex-député Hugues Célestin a récemment déversé un torrent de mots sur son ancien allié, le Conseiller-Président Fritz Alphonse Jean. Publiée le 26 novembre 2024, cette lettre ouverte fait l’effet d’une grenade dégoupillée jetée dans l’arène politique haïtienne. Loin des phrases policées et des formules diplomatiques, Hugues Célestin a choisi une plume trempée dans l’ironie mordante pour dénoncer ce qu’il appelle le « théâtre de l’absurde » orchestré par Fritz Jean.
Dès les premières lignes, Hugues Célestin évoque Ogou Balendjo, figure emblématique du panthéon vaudou, pour inviter Fritz Jean à se taire. « Quand vous n’avez rien à dire, taisez-vous ! » assène-t-il, avec un ton digne d’un professeur excédé devant un élève trop bavard. Mais ce n’était que le hors-d’œuvre.
L’ancien député n’a pas manqué de brocarder le manque d’action du Conseil Présidentiel de Transition. Il compare la déclaration du Président à une protestation paysanne contre un CASEC paresseux. Dans un mélange d’humour acerbe et d’analyses tranchantes, il accuse Fritz Jean de maintenir la population dans la confusion : « Le peuple, pris pour des imbéciles, continue de confondre manchots et ananas. »
Le volet sécuritaire est un autre angle d’attaque de cette lettre. Hugues Célestin accuse le Président de parader avec des équipes bien fournies tandis que les gangs prospèrent : « Pendant ce temps, vos fonds pour le renseignement ne servent à rien, tandis que les gangs collectent des péages, tuent, violent et kidnappent. »
C’est sur le concept d’« économie de la violence » que l’ancien député a visiblement perdu patience, voire une dent. Ce terme, qu’il qualifie de « grotesque », a selon lui atteint des sommets d’absurdité. « Inventez autre chose, Président, mais ne nous ramenez pas cette notion de transition express qui me ferait de nouveau éclater de rire comme un fou. »
En guise de coup de grâce, Hugues Célestin demande à Fritz Jean si la fameuse « économie de la violence » inclut les gangs armés et les financiers douteux. Et, cerise sur le gâteau, il ironise sur le silence du Président face à Emmanuel Macron. « La remarque sur le mot « con » vous ressemble-t-elle, Président ? » écrit-il, enfonçant le clou.
Cette sortie fracassante de Hugues Célestin a fait le tour des cercles politiques et médiatiques, suscitant des rires chez certains et des grincements de dents chez d’autres. Tandis que certains saluent son courage, d’autres critiquent son ton qu’ils jugent déplacé.
Reste à savoir si Fritz Alphonse Jean daignera répondre ou s’il choisira de suivre le conseil de Balendjo : se taire. Une chose est sûre, la politique haïtienne n’a pas fini de nous offrir son lot de rebondissements… et de punchlines.