Parlez-vous Bolith ? Cette langue artificielle du Grand Nord qui passionne Haïti

Radio Tropikal, le 22 juillet 2024.-

Le bolith, un parler local essentiellement oral, suscite aujourd’hui un intérêt renouvelé en Haïti. Construit à la fin des années 1910 dans le Grand Nord du pays par des militants cacos, ce parler visait initialement à déjouer l’espionnage américain pendant l’occupation d’Haïti.

Le terme « bolith » trouve ses origines dans le mot grec « chiboleth » signifiant épis, et dans sa deuxième acception militaire, mot de passe. Ce terme, notamment mentionné dans Juges 12:6, symbolise un parler exclusif permettant de distinguer initiés et non-initiés.

Histoire et Contexte

Le bolith a vu le jour durant l’occupation américaine d’Haïti en 1915. Face à la menace des espions haïtiens travaillant pour les Américains, les dominés du Nord ont créé ce parler codé pour sécuriser leurs communications. Charlemagne Péralte, figure emblématique de la résistance, incitait les Cacos à utiliser le bolith pour protéger leurs échanges secrets. Selon le professeur Renauld Govain, plus de 500 000 personnes, réparties dans les départements du Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Centre et Artibonite, maîtrisent ce parler aujourd’hui.

Bolith : Un Parler Codé

Bien que souvent qualifié de langue, le bolith est avant tout un parler. Contrairement à une langue naturelle, il s’agit d’une forme de communication artificielle conçue pour répondre à des besoins spécifiques de sécurité et de cohésion. Le bolith a ainsi permis aux Cacos de se regrouper dans les forêts du Grand Nord pour élaborer des stratégies contre l’occupation américaine.

Une Langue Artificielle Remarquable

Le professeur Govain insiste sur la distinction entre une langue naturelle et un parler comme le bolith. Ce dernier, bien que complexe et systématique sur le plan phonologique, reste une création humaine destinée à des fins précises. Néanmoins, lorsqu’on parle de bolith comme d’une langue, il convient de la qualifier d’artificielle. À ce titre, le bolith se distingue par sa sophistication et sa réussite, rivalisant même avec des langues artificielles reconnues comme l’esperanto.

Perspectives de Renaissance

Aujourd’hui, de nombreux habitants du Grand Nord espèrent voir renaître et restructurer le bolith pour enrichir la culture haïtienne. Cette langue artificielle, témoin de la résistance et de l’ingéniosité des Cacos, pourrait connaître un nouvel essor grâce à des initiatives culturelles et éducatives.

Radio Tropikal s’engage à réaliser des reportages simultanés sur le bolith pour redonner vie à cette précieuse invention ancestrale, renforçant ainsi l’identité culturelle et historique d’Haïti.

Le bolith, plus qu’un simple parler, représente un patrimoine linguistique unique, symbole de résistance et de créativité. Sa redécouverte et sa valorisation offrent une opportunité inestimable de célébrer et de préserver l’histoire et la culture du Grand Nord haïtien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *