Port-au-Prince, le 16 octobre 2024.-
La récente décision de reconduire le juge Walter Wesser Voltaire pour mener l’enquête sur l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse continue de soulever des vagues de contestations. La Plateforme Résistance Démocratique (RED), dirigée par Rénald Lubérice, a vivement réagi à cette nomination, accusant le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Edgard Leblanc, et le ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Carlos Hercule, de manipuler la justice en faveur des présumés commanditaires de cet assassinat.
Dans une note publiée le 15 octobre 2024, la plateforme n’a pas hésité à critiquer cette décision, qualifiant la reconduction du juge Voltaire de « décision honteuse et unilatérale ». Selon RED, Edgard Leblanc, en collaboration avec le ministre Carlos Hercule, a pris cette décision « en toute illégalité » en choisissant un magistrat accusé d’avoir dénaturé l’enquête initiale sur la mort de Jovenel Moïse.
RED s’insurge contre la reconduction de Voltaire, soulignant que ce dernier, dans son ordonnance controversée, avait tenté de détourner l’attention de la justice en insinuant que l’ancien président aurait pu se suicider, rejetant ainsi la responsabilité sur ses proches. Ce scénario, jugé grotesque par de nombreux observateurs, avait été largement dénoncé comme une tentative manifeste de protéger les vrais responsables de ce crime qui a choqué la nation.
Une critique sans appel de la Plateforme RED
« En commissionnant de manière unilatérale, de concert avec le ministre de la Justice, le juge de l’ordonnance de la honte, Walter W. Voltaire, sur l’assassinat du Président, Edgard Leblanc s’est positionné du côté des assassins de Jovenel Moïse. C’est honteux », s’indigne la Plateforme RED dans sa déclaration.
De son côté, Rénald Lubérice, figure de proue de RED, n’a pas mâché ses mots sur les réseaux sociaux. Sur son compte X (anciennement Twitter), il a fermement condamné cette décision en ces termes : « Si le CPT cautionnait cette forfaiture d’Edgard Leblanc, cela voudrait dire que, comme lui, il se rangerait du côté des assassins. Ce serait tout aussi honteux. »
Ces propos reflètent une profonde déception quant à la gestion de ce dossier par les autorités actuelles. RED voit dans cette nomination un affront à la mémoire de Jovenel Moïse et une trahison des valeurs fondamentales de la justice haïtienne. L’organisation dénonce une connivence dangereuse entre le pouvoir en place et des magistrats qui, selon elle, servent des intérêts autres que ceux de la vérité et de la justice.
Le rôle contesté de Carlos Hercule
Carlos Hercule, ministre de la Justice, se trouve également dans le viseur de la plateforme. Son soutien à la reconduction du juge Voltaire est perçu comme une manœuvre politique visant à étouffer l’enquête et à protéger les véritables commanditaires de l’assassinat. En se positionnant ainsi, Hercule compromet la crédibilité de l’institution judiciaire et alimente les soupçons d’ingérence politique dans une affaire déjà marquée par des rebondissements troublants.
RED appelle à une révision immédiate de cette décision et exhorte le CPT à faire preuve de transparence et d’impartialité. « L’image de la justice haïtienne est gravement ternie, et le peuple haïtien mérite une justice à la hauteur des principes démocratiques et de la dignité de la République », conclut la plateforme dans son communiqué.
Alors que la tension monte autour de cette nomination, les observateurs attendent de voir si le Conseil Présidentiel de Transition prendra en compte les nombreuses critiques qui affluent ou s’il continuera sur la voie controversée choisie par Edgard Leblanc et Carlos Hercule.