Cap-Haïtien, 19 avril 2025.-
La scène politique haïtienne a assisté ce samedi à une réapparition marquante : celle de l’ancien sénateur du Nord, Kelly C. Bastien, qui signe son retour avec la création d’un nouveau parti politique, “Tèt Ansanm pour la Justice et le Progrès d’Haïti”. Lors d’une grande rencontre de présentation et de validation des statuts, de la vision et de l’emblème du parti, Bastien a frappé fort, tant sur le fond que sur la forme.
L’événement, tenu dans une ambiance à la fois courtoise et engagée, a rassemblé une foule hétéroclite composée de professeurs d’université, d’avocats, d’enseignants, de paysans, d’étudiants et de personnalités marquantes de la société capoise. Parmi les figures notoires présentes figuraient notamment le commissaire du gouvernement Charles Édouard Durand, Me Éric Sénatus du Barreau du Cap-Haïtien, ainsi que les professeurs Sadrack Ordena, Angelot Bell, et Joël Clairesia.
Dans son discours, Kelly C. Bastien n’a pas mâché ses mots. Il a vivement critiqué le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement haïtien pour leur passivité face à l’insécurité galopante :
« Il n’y a pas vraiment de volonté politique pour résoudre le problème de l’insécurité ni du côté du CPT ni du côté du gouvernement haïtien », a-t-il dénoncé avec fermeté.
Poursuivant dans la même veine, il a pointé du doigt les partis politiques signataires de l’accord du 3 avril, qu’il accuse de ne pas avoir exercé leur devoir d’évaluation vis-à-vis de leurs représentants au sein du CPT. À ses yeux, cette absence de redevabilité démontre une rupture claire entre les dirigeants et la base populaire.
Mais au-delà des critiques, Kelly C. Bastien a surtout voulu présenter Tèt Ansanm comme une alternative politique crédible, reposant sur les piliers de la justice sociale, l’inclusion, la stabilité et surtout, l’unité nationale. Selon lui, ce parti se veut un espace de dialogue et d’action, orienté vers des solutions concrètes et durables.
« Nous allons entamer des consultations pour établir une large plateforme politique nationale. Nous devons transformer nos idées en actes tangibles », a-t-il assuré, dans sa qualité de président du comité ad hoc.
Le nom même du parti a suscité quelques interrogations, certains y voyant une ressemblance avec d’autres courants politiques. À cela, Kelly C. Bastien répond avec précision et détermination :
« Tèt Ansanm est là depuis belle lurette et donne beaucoup de résultats, comme le renversement de Jean-Claude Duvalier. Le mot a son importance selon la personne qui l’utilise. Le combite haïtien est l’exemple du tèt ansanm. »
En pleine crise multidimensionnelle que traverse Haïti, cette initiative politique vient enrichir un paysage déjà saturé, mais aussi désorienté. Alors que Tèt Ansanm promet d’être différent, inclusif et tourné vers l’action, une question fondamentale reste en suspens : cette différence s’exprimera-t-elle dans les actes ou restera-t-elle confinée aux discours de lancement ?
Les prochains mois seront déterminants pour mesurer la portée réelle de cette ambition. En attendant, Kelly C. Bastien vient de relancer les dés du jeu politique, avec comme pari majeur : rassembler les Haïtiens autour d’un idéal de progrès et de justice.